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A la découverte de l’ex-enfant surdoué par Stéphanie Tolan

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Voici un autre texte important du surdon, qui a été une base majeure de réflexion pour ma recherche, et m’a même influencée ici et là dans mon écriture (impossible d’échapper aux mots, tant l’écriture de Stéphanie Tolan est simple, limpide. C’est un énorme atout pour faciliter l’acceptation, encourager à aller à la recherche de soi).

Je suis donc contente de citer ici « Discovering the Gifted Ex-Child » dans une traduction que j’ai effectuée et que je reproduis partiellement (le texte comprend 11 pages !), avec l’aimable autorisation de Stéphanie Tolan.

L’article est originellement paru dans la Roeper Review d’Août 1994. Vous pouvez avoir accès au texte original intégral (sur le site de Stéphanie Tolan) en cliquant ici. Il comporte une bibliographie importante quej’ai également reproduite : elle pourra être utile à ceux qui veulent appronfondir leurs recherches.

La première façon de reconnaître son identité réelle est l’affirmation de sa conscience : le choix de penser, d’être conscient, de braquer le faisceau de sa conscience, d’un côté vers le reste du monde ; de l’autre côté vers soi-même. Négliger cet effort, c’est négliger les bases mêmes de son identité.

Reconnaître son identité, c’est accepter de penser de façon indépendante, de vivre comme on le sent et d’avoir le courage de nos propres perceptions et de nos propres jugements (Branden 1983)

Etre un adulte surdoué, c’est faire l’expérience d’une conscience inhabituelle, d’un esprit extra-ordinaire dont les perceptions et les jugements peuvent être à ce point différents de ceux des autres qu’ils supposent d’avoir un courage tout aussi extra-ordinaire pour les assumer. Beaucoup d’adultes surdoués comprennent ceci, conscients de leurs capacités mentales et du degré auquel elles peuvent les marginaliser.

Pour beaucoup, cependant, reconnaître son identité passe d’abord par la découverte de la nature exacte de la conscience et de l’esprit qu’ils possèdent. Qu’ils aient des perceptions et des jugements qui n’appartiennent qu’à eux-mêmes a pu leur être évident depuis leur enfance ; mais ils peuvent avoir de ce fait passé leur vie à penser cette différence en termes de déficit, de faute, ou même de défaut de caractère, voire de maladie mentale (Lovecky, 1986; Alvarado, 1989). Penser de façon indépendante peut apparaître téméraire voire associable.

[...]

Que sont devenus les enfants surdoués ?

Depuis les années 1920, des milliers de livres et d’articles ont été écrits au sujet des enfants surdoués (voir par exemple : Burks, Jensen, & Terman, 1930; Carroll, 1940; DeHaan & Havighurst, 1957; Gross, 1992; Hirt, 1922; Hollingworth, 1926; Piirto, 1994; Stedman, 1924; Terman, 1925; Webb, Meckstroth, & Tolan, 1982; Witty & Jenkins, 1935; Zorbaugh & Boardman, 1936). [...] Des débats se sont élevés autour des définitions et des termes, si c’est une question d’inné ou d’acquis (ou les deux) qui crée cette intelligence inhabituelle, si les enfants surdoués ont besoin (ou méritent) des programmes et des ressources éducationnels particuliers. (Burks et al., 1930; Galton, 1869; Margolin, 1994; Renzulli, 1978; Sapon-Shevin, 1987; Sternberg & Davidson, 1986; Witty, 1951; Yoder, 1894).

Dans le même temps, des générations entières d’enfants surdoués ont passé au travers de ces mêmes systèmes de formation où ils ont été (ou non) identifiés et intellectuellement nourris de façon appropriée (ou non). Ces enfants surdoués ont disparu dans les vastes territoires de l’âge adulte. Ont-ils disparu de la même façon que les enfants prodiges disparaissent ? [...]  On peut donc se poser la question de savoir si l’enfant surdoué, devenu adulte, devient de même un ex-enfant surdoué ? [...]

Qu’est ce que le surdon ?

Si le surdon était un simple artefact ou un développement plus rapide que la norme, il pourrait être destiné à s’effacer quand il y a « rattrapage » par les autres. Si, d’un autre côté, c’est une qualité d’esprit qui crée une trajectoire développementale toute particulière, ce serait alors un attribut stable, accompagnant l’individu tout au long de sa vie, de façon évidente ou non.

Le surdon n’est pas perçu par tout le monde de la même façon. Certains le voient comme la concrétisation de quelque chose qui sort de l’ordinaire, essentiellement externe (Gardner, 1993; OERI 1993; Tannenbaum, 1983). D’autres le voient comme un ensemble de processus mentaux internes qui peuvent (ou non) conduire au succès (Columbus Group, 1991; Hollingworth, 1942, 1937; Shurkin, 1992). Traditionnellement, notre perception culturelle a, dans une certaine mesure, toujours dépendu de l’âge de l’individu considéré.

Parce que l’enfance est inévitablement et biologiquement une période de développement, le surdon des enfants a été vu en termes de qualités inhabituelles et mesurables de l’esprit en train de se développer. Nous reconnaissons que c’est quelque chose d’interne à l’enfant que nous sommes en train d’étiqueter. [...]

Si l’on regarde les adultes, pourtant, la focale change. Nous reconnaissons bien sûr l’existence des adultes surdoués. Ce sont ces gens qui réussissent de façon spectaculaire. Et pour ces réalisations, nous nous attendons à ce qu’ils soient récompensés d’une façon ou d’une autre (prix Nobel, célébrité, richesse, éminence, dans le domaine où ils excellent). Nous pouvons admettre que certains adultes surdoués sont suffisamment malchanceux pour ne pas recevoir les récompenses que leurs idées ou leurs productions mériteraient de recevoir (et il y en a beaucoup d’exemples, tel Van Gogh, de ces gens dont l’excellence n’a pas été reconnue de leur vivant)…. Mais c’est quand même les réalisations ou les succès qui forment la base de notre reconnaissance du surdon chez un adulte. Cette focale est essentiellement externe. [...]

Dès lors, pour la société, le changement de définition entre ce qu’est le surdon chez les enfants et ce qu’il est chez les adultes montre que s’il y a beaucoup d’enfants qui ont été identifiés comme surdoués, il en existe peu qui le restent à l’âge adulte (Shurkin, 1992; Subotnik, 1993). Ce changement de critère a été mis en avant par Sophie, l’une des enfants suivis par Lewis Terman au cours de sa fameuse étude longitudinale. Elle écrivit à Terman : « vous identifiez les plus jeunes sur leur capacités d’apprentissage et leur personnalité, mais vous identifiez les adultes à partir d’un standing financier ou de reconnaissance par un public qui n’a jamais montré une grande capacité à faire la distinction entre des valets imbéciles et de bons serviteurs de l’Etat » . (Shurkin, p. 269).

[...]

Le surdon, une différence de développement

[...] Tout au long de l’enfance, les individus asynchrones atteignent des étapes claires et bien identifiables de développement et acquièrent différentes compétences plus tôt que les autres enfants du même âge. Cette différence n’en fait pas seulement des enfants précoces, qui  ont « franchi une étape plus tôt ». L’enfant qui traite avec des concepts abstraits les utilise très tôt pour faire de nouvelles expériences. Cette façon différente et plus complexe de faire des expériences crée une expérience fondamentalement différente. Le résultat est que cette expérience, loin de s’amenuiser alors que l’enfant grandit, s’élargit au contraire. Un enfant dont le développement cognitif est normal ne rattrapera jamais le développement cognitif d’un enfant surdoué, de même qu’un benjamin ne rattrapera jamais son aîné en âge. La trajectoire développementale diverge très tôt et ne revient jamais à la norme.

Le développement asynchrone n’est plus aussi pertinent à l’âge adulte, parce que le développement chez l’adulte ne dépend plus autant du temps. Il s’étire sur une période de temps beaucoup plus longue, et il n’est plus autant lié au développement physiologique. Ce n’est plus une progression régulière et constante que connaissent les adultes, mais au contraire, et bien plus que pendant l’enfance, une question de développement personnel et de choix. Nous attendons des adultes qu’ils soient capables de raisonnement abstrait ; nous ne sommes pas pour autant capables de pouvoir identifier ceux que leur raisonnement entraîne dans des royaumes complexes où la plupart des autres adultes ne pourraient les suivre, alors que nous sommes capables d’identifier l’enfant qui recourt à un raisonnement qui n’est « pas de son âge ». [...]

A l’âge adulte, il faudrait plutôt se référer à un « développement différencié », plutôt qu’à un développement asynchrone, dans la mesure où les directions qu’il prend pour son développement lui sont spécifiques. C’est ce qui rend l’esprit surdoué difficile à reconnaître des autres, et difficile à mesurer. [...]

Caractéristiques  de l’enfance

Certaines caractéristiques cognitives des enfants surdoués sont des différences de façon de faire, plutôt que des acquisitions précoces : extraordinaire quantité d’informations, mémoire inhabituelle, fortes capacités de compréhension , intérêts variés et inhabituels, curiosité, capacité inhabituelle de traitement de l’information, pensée rapide, forte capacité de synthèse, forte capacité à faire des mises en relations nombreuses et inhabituelles, capacité à générer des idées et des solutions originales, évaluation de soi-même et des autres, comportement très orienté objectifs (Clark, 1988). Ces caractéristiques, non seulement persistent à l’âge adulte, mais également interagissent dans le temps, jusqu’à créer une progression géométrique ou des différences significatives par rapport à la norme (Wallach, 1994; Roeper, 1991).

En plus de ces capacités cognitives, les chercheurs ont trouvé chez les enfants surdoués une sensibilité et une intensité émotionnelles élevées (Morelock, 1992), (une caractéristique qui a tendance à se dissimuler à l’âge adulte, surtout chez les hommes) (Kline & Meckstroth, 1985; Roeper, 1991), un sens très fin de l’humour (qui peut être gentil ou hostile, sophistiqué ou bizarre) (Webb, Meckstroth & Tolan, 1982), un sens de la justice élevé et qui se manifeste très tôt pour la justice et la moralité (Roeper, 1991) et le désir que ses actions soient cohérentes avec ses valeurs. (Hollingworth, 1942).

Socialement, les enfants surdoués peuvent avoir des difficultés à  s’entendre avec leurs pairs en âge, dans la mesure où leurs centres d’intérêt sont différents. De plus, leur sensibilité et leur intensité émotionnelles peuvent avoir des interactions sociales particulièrement compliquées, surtout dans certains contextes d’émotions regardées avec méfiance, dévaluées ou même directement censurées. (Kline & Meckstroth, 1985). Quand leurs capacités provoquent la jalousie chez les autres, il peut y avoir un intérêt puissant à cacher ou maquiller ces capacités, afin d’être plus facilement « comme les autres ». Parfois, cet effort se transforme dans le temps en un déni très puissant de leurs différences. Ceci est particulièrement vrai pour les filles à l’adolescence (Kerr, 1985; Noble, 1989; Silverman, 1993).

Effets à l’âge adulte

Toutes ces caractéristiques de l’enfance se prolongent à l’âge adulte, elles créent également, chez l’adulte surdoué (tout comme chez l’enfant surdoué) une façon d’appréhender la vie différente, que l’individu soit quelqu’un qui connaît le succès et qui est reconnu comme surdoué, ou qu’il comprenne et accepte ou non ses différences (Lovecky, 1986). Parfois, cette façon différente d’appréhender la vie est positive, mais pas toujours. Parfois, elle est douloureuse et même destructrice (Alvarado, 1989).

Les différences cognitive peuvent conduire à de très belles réussites professionnelles dans des domains très varies. Ce sont des habiletés spécifiques qui font reconnaître l’adulte surdoué : le physicien qui trouve une théorie révolutionnaire, le grand philosophe, le diplomate qui sait favoriser les accords de paix, l’entrepreneur à succès. Mais pour les adultes dont les circonstances ne leur ont pas donné la possibilité d’utiliser leurs compétences, le résultat peut être un sentiment de frustration, d’impossibilité à se réaliser pleinement, le sentiment lancinant d’être cloué au sol, emprisonné, entravé (Roeper, 1991; Smith, 1992).

L’employé qui voit des solutions aux problèmes de sa société peut se sentir particulièrement frustré de ce que son patron qui manque de compétences ne permet pas la possibilité d’exprimer ces solutions, et encore moins leur mise en œuvre.

La femme au foyer qui réside dans une cité-dortoir, qui a élevé plusieurs enfants et travaillé comme bénévole dans un nombre incalculable d’associations, peut se retrouver tourmentée, ennuyée et frustrée une fois que les enfants ont quitté la maison. Les activités sociales ne peuvent remplir le vide laissé, non plus que le job alimentaire quelle sera tentée de prendre pour se sortir de chez elle.

Le collaborateur coincé dans une impasse, qui occupe un job subalterne parce qu’il n’a pas eu l’opportunité de suivre une formation scolaire appropriée à ses capacités cognitives inhabituelles, n’a aucun moyen d’utiliser ces mêmes capacités dans un job sans aucun intérêt intellectuel.

Aucun de ces individus ne peut pleinement comprendre les raisons de leur insatisfaction. Ils ne voient pas le moyen (ou même tout simplement la nécessité) de trouver un exutoire à leurs capacités, parce qu’ils ne connaissent pas la source du problème. Ayant comme tout le monde acheté les a priori communs que l’on a sur le surdon, ils ne peuvent pas s’imaginer eux-mêmes surdoués. Peu d’adultes ont été identifiés comme surdoués dans l’enfance et ils peuvent n’avoir jamais compris leur différence par rapport à la norme. Et parce qu’il est si difficile d’être différent, ceux qui ont été identifiés comme surdoués dans l’enfance se sont protégés par une stratégie de déni.

Les surdoués tiennent souvent leurs capacités pour normales, croyant que ce sont ceux qui ont des capacités différentes qui sont surdoués (Alvarado, 1989; Tolan, 1992). Ne comprenant pas les sources de leur frustration ou les moyens de l’alléger, ils peuvent choisir d’oublier leurs difficultés en recourant à l’alcool, à la drogue, à la nourriture ou à tout autre type de substances ou de comportements addictifs. Ou bien ils peuvent tout simplement baisser les bras et vivre leur vie en mode survie.

Même quand un individu est capable d’avoir une vie professionnelle réussie, il peut lui arriver de se sentir vraiment en décalage. Barbra Streisand, par exemple, dont les capacités sont non seulement évidentes et vraiment hors normes, mais de surcroît variées, est critiquée pour son perfectionnisme, pour son immense exigence avec ses collaborateurs. il est vraisemblable que sa difficulté à performer en public bien connue vient pour partie de problèmes apparemment paradoxaux d’estime de soi  qui sont souvent associés à des dons exceptionnels.

Intensité Emotionnelle

Bien que les adultes (qui ont l’expérience d’années passées à devoir gérer avec une culture dans laquelle les émotions sont largement niées), soient généralement mieux capable que les enfants de contrôler l’expression de leur sensibilité et de leur intensité émotionnelles, ils doivent quand même d’une certain façon gérer avec l’expérience de cette émotion. Dans certains domaines, tels que les arts, la sensibilité émotionnelle inhabituelle des surdoués peut s’exprimer en sécurité et se retrouve en fait, être un atout puissant qui peut les conduire au succès (Piechowski & Cunningham, 1985; Piechowski & Silverman, 1985). Dans la plupart des domaines cependant, les émotions sont suspectes et les exprimer est condamné. Beaucoup d’hommes qui se sont entraînés à les réprimer durant leur enfance, s’emploient à supprimer leur sensibilité émotionnelle et souffrent des répercussions psychologiques de cette suppression. Les femmes, habituées à une plus grande liberté d’expression émotionnelle durant leur enfance, peuvent elles-mêmes avoir des difficultés à supprimer cette sensibilité afin de pouvoir continuer leur carrière professionnelle.

Problématiques morales

La sensibilité morale des adultes surdoués et leur préoccupation pour la justice peut les conduire à une vie de service, de performance et de succès dans la diplomatie, la loi, la médecine, la philanthropie. Mais cette même sensibilité peut les conduire à la dépression et à d’autres difficultés psychologiques, dans la mesure où l’état de notre civilisation et de notre planète peuvent submerger quelqu’un qui est doté d’une clarté de pensée et d’une profondeur de perceptions combinée avec une forte empathie et une préoccupation morale (Roeper, 1991). De surcroît, une telle personne pourra trouver intolérables les coups de canifs dans l’éthique, la malhonnêteté érigée en règle et la compétition de la vie professionnelle (Hollingworth, 1937).

Une professeur d’université qui se pose les grandes questions sur les fondamentaux de son domaine pourra se retrouver moralement outragée par une compétition fondée sur l’agressivité permanente et parce qu’elle ne pourra dès lors pas exprimer ses idées sans montrer d’émotion, elle sera considérée comme un élément à la limite du manque de professionnalisme » (Wallach, 1994). Elle, pas plus que ses collègues ne pourra percevoir que ses problèmes de relations de travail trouvent leur source dans le surdon.

Réalités sociales

Socialement, les expériences des adultes surdoués peuvent être diverses. Ceux qui ont choisi une carrière qui leur permet d’être en contact avec d’autres surdoués peuvent régulièrement faire l’expérience de la joie et de l’excitation générées par la synergie intellectuelle qui ne manque pas de se faire jour dans un tel groupe. En groupe, ou par le biais des réseaux informatiques, ces gens co-construisent en partageant leurs idées, se déplaçant à grands coups de moments de francs fous-rires à travers des espaces intellectuels complexes. Il peut même y avoir ce sentiment de connections presque magiques quand les idées fusent et se mélangent, comme si elles se mettaient à vivre toutes seules. Quand des esprits hors du commun travaillent ensemble, il y a un sentiment très fort d’appartenance et de communauté.

Pour d’autres, ceux qui ne travaillent pas dans ce genre de communauté ou de réseaux, l’interaction sociale peut être problématique et difficile à comprendre. Un adulte surdoué peut se retrouver sur un lieu de travail ou ailleurs, avec beaucoup d’individus qui ne sont pas capables de partager avec lui la complexité et la profondeur de ses perceptions. Il peut alors avoir des difficultés à partager des aspects importants de soi avec les autres. Il peut même avoir à peser ses mots, simplifier ses conceptions, se retenir dans la conversation. Une expérience à la fois épuisante et frustrante.

Particulièrement s’il ne comprend pas ou n’accepte pas son surdon, il pourrait interpréter ses difficultés comme une inaptitude sociale. Même s‘il est capable de caler ses centres d’intérêt et son niveau de compréhension sur ceux de se collègues de travail, il pourra sortir d’une réunion festive en se sentant isolé, « étrange », insatisfait, malheureux. Les autres peuvent apprécier des activités que l’adulte surdoué trouvera abêtissantes et répétitives, ou préférer des loisirs qui manquent d’une profondeur et d’une capacité à le nourrir intellectuellement et dont il a tant besoin. Le besoin de complicité intellectuelle existe, même quand le surdon n’est pas reconnu ou identifié. Manquant d’amis ou de relations qui ont les mêmes centres d‘intérêt, l’adulte surdoué peut se retirer de toute interaction avec les autres et se résigner à une vie solitaire.

Honorer son identité

Il y a plusieurs expressions du surdon à l’âge adulte. Certaines collent nettement aux attentes culturelles, mais la plupart ne sont pas dans ce cas. Dans les faits, être un adulte surdoué apparaît beaucoup plus comme problématique et douloureux quand l’individu nie ou ne comprend pas son propre surdon. En ne comprenant pas ce qui se passe, il se sent aliéné, non seulement par les autres, mais par lui-même. En ne comprenant pas ce qui se passe, il ne sait pas comment résoudre les problèmes, panser les plaies, satisfaire ou même faire avec ce mouvement interne puissant qui l’étreint (Rubin, 1990).

Notre focalisation permanente sur la réalisation plutôt que sur ce processus mental inhabituel qui fait le surdon, rend la nécessaire reconnaissance et la compréhension difficiles (quand, même, ce n’est pas rendu impossible) pour beaucoup. Il est pourtant critique pour le surdoué adulte et pour la société tout entière, pour que celle-ci puisse bénéficier de capacités sous-utilisées. Il est critique que nous élargissions nos perceptions et continuions à faire attention aux surdoués une fois qu’ils sont sortis du système scolaire et qu’ils sont entrés dans le monde des adultes.

Il nous faut aussi faire attention à la perception du surdon dans le domaine de l’éducation, parce que c’est dans l’enfance que se forme l’identité des surdoués, sa capacité initiale à comprendre son processus mental, sa façon de penser. Beaucoup d’éducateurs en sont encore à considérer le surdon sous le seul angle des réalisations et non pas des potentiels (Dunn, Dunn & Treffinger, 1992). [...]

Les enfants surdoués ne disparaissent pas quand ils sortent de l’école. Ils deviennent des adultes surdoués. S’ils entrent dans l’âge adulte, aveugles à leurs capacités mentales inhabituelles, ils peuvent traverser leur vie épars, frustrés, ressentant un manque et proprement aliénés au plus profond de leur être. Ce qui est différent chez un surdoué, c’est son esprit. Ne pas comprendre cet esprit rend virtuellement impossible de pouvoir respecter son identité.

Il est apparent que le “moi” est notre esprit – notre esprit et sa façon particulière d’opérer (Brandon, 1983).

C’est l’esprit qui fait notre humanité ; c’est l’esprit qui nous rend uniques. De l’enfance à l’âge adulte, pour être eux-mêmes, pour se valoriser et se respecter et vivre des vies bien remplies, les adultes surdoués doivent comprendre et assumer leur esprit inhabituel.

References citées par Stephanie Tolan

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Originally appeared in Roeper Review, August 1994.  Please do not duplicate.

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